S'il est une heure du mat et que je suis dans mon lit, je ne dors pas.
J'écoute les gens d'en bas cracher.
Au début je les entend juste. Y'en a un qui me réveille. Un petit raclement de gorge de derrière les fagots, rien de bien méchant, mais assez pour me tirer de la rêverie.
Ensuite, c'est l'obsession. Je les écoutes, les attend presque, sortir du fin fond des entrailles d'un chinois bien comme il faut. Les petites notes rauques de la glotte contre le palais, le silence de l'élan de la projection, puis le final de l'air entre les lèvres plissés.
J'avais pourtant choisi la chambre côté jardin, côté mer même, réputée plus paisible.
Pour la musique des vagues c'est raté.
Depuis mon lit, côté mer, je m'endors en comptant les crachas, 5 étages plus bas.
lundi 22 octobre 2012
Le coiffeur
Ce lundi, ma semaine aura été le coiffeur.
C'est là que le calvaire commence. Installée sur une chaise en vitrine, je vois dans le miroir la mine du chinois "blouse rouge" se décomposer au moment ou il retire la serviette de ma tête. Il appelle un collègue qui me reluque un peu catastrophé, s'essayant à peigner mes cheveux. Le langage chinois n'a à ce moment plus de secret pour moi : et oui, je suis blonde, et oui, j'ai les cheveux bouclés, secs, et emmêlés.
Peu convaincu par le talent de coiffure de nos amis chinois, je décide tout de même d'y retourner.
J'avais beau répéter à Hui Ling, ma nouvelle pote indonésienne que non mes cheveux n'avaient pas besoin d'être coupé, quand on se comprend qu'à moitié, on résiste pas longtemps.
Et puis, je les avais déjà repéré. Entre un 餐厅 de pâtes et une Bank of China, il étaient là. Par centaines.
En taxis, ils sont à hauteurs d'yeux.C'est alors faciles de comprendre la logique d'ordonnancement des RDC des buildings de Xiamen : RESTO/BANK/COIFFEUR/BANK/COIFFEUR/RESTO/COIFFEUR/COIFFEUR.
Certainement donc un truc à faire en Chine.
L'expérience "coiffeur" débute, elle, par l'alternance : BLOUSE GRISE/ BLOUSE ROUGE/ BLOUSE GRISE.
C'est comme ça une ribambelle de petits chinois masculins qui se succèdent, habillés de pied-en-cape, offrant une vrai haie d'honneur au client.
Au fond du magasin, j'aperçois un peu surprise les brancards-lits du dentiste. Les mêmes. Je m'allonge donc, la tête dans l'évier, les chaussures sur le lits.
Vient alors le traditionnel shampooing. Eau chaude, rinçage à l'eau froide. Une technique de nettoyage maîtrisée, mais sommes toute, classique.
Je commençais alors à me détendre, quand Ô surprise, je sens un truc chatouiller le fond de mon être : c'est dans mes oreilles que le petit chinois commence à mettre ses doigts. Ils les lave par petits cercles méticuleux comme on lave une porcelaine de Limoges. Quelle douceur, quelle minutie... Difficile à croire que cela venait d'un homme. J'ouvrais alors les yeux pour m'en assurer, quand le chinois commence à me frapper le crâne. Tout mon corps s'enfonce dans le siège en mousseline. Je suis maintenant une boule de pain. Il me malaxe, m'aplatit, et à cet instant je regrette presque d'être venue. Et puis je m'habitue, je ne fais plus qu'un avec les mains du coiffeur, plus qu'un avec la Chine tout entière tant l'harmonie introduite dans mes entrailles capillaire est salvatrice.
Et puis on me réveille.
C'est là que le calvaire commence. Installée sur une chaise en vitrine, je vois dans le miroir la mine du chinois "blouse rouge" se décomposer au moment ou il retire la serviette de ma tête. Il appelle un collègue qui me reluque un peu catastrophé, s'essayant à peigner mes cheveux. Le langage chinois n'a à ce moment plus de secret pour moi : et oui, je suis blonde, et oui, j'ai les cheveux bouclés, secs, et emmêlés.
Les passants du dehors s'arrête pour le spectacle, et c'est tout le salon qui s'agglutine autour de moi, au désespoir de la pauvre Hui Ling, qui elle, à terminé depuis 10 bonnes minutes.
Après une tentative douloureuse de démêlage, le chinois s'y attaque directement au sèche cheveux. Il tente même un brushing. Il tire, il arrache, et je tente de cacher les larmes qui me monte aux yeux.
Mais comment dire stop à un chinois qui met tant de coeur un l'ouvrage ? pour lui cette matière était un nouveau défi. Je me dis alors que moi aussi je devais relever le défi du silence.
Une demi heure plus tard, après avoir esquivé les ciseaux (quand même), je vais payer les 20 yuan bien mérité au coiffeur, arborant ma chevelure de sauvage des mauvais jour, et mon plus joli sourire de soulagement.
En sortant de la boutique, c'est tout le salon qui se retourne sur mes pas : blouse grise, blouse rouge, mi-figue, mi-raisin.
Peu convaincu par le talent de coiffure de nos amis chinois, je décide tout de même d'y retourner.
Sauf que la prochaine fois, ce ne sera qu'un shampoing.
vendredi 12 octobre 2012
Les cléfs
Ca y est, j'ai trois clefs.
Si ça fait déjà plus d'un mois que j'ai quitté Rouillon, que mes chambrocataires sont devenues mes amis, que je connais les soupes de la cantine, et les capacités de mon estomac, que trouver mes salles de cours dans ce parc à chinois ne relève plus du hasard, je ne me sentais pourtant pas encore "à la maison".
Même signer le bail de mon nouvel appartement avec seaview ne m'a pas fait retrouver ma place. Ma place. Le piquet grâce auquel mon fil peut être tendu. Celle qui te donne envie de t'éloigner en étant sûr de pouvoir revenir.
Mais alors, après le cours de dessin, quand j'arrive devant la chambre 209 du bâtiment Nanguan 4th, et que dans ma main, je sens l'unique clef de ma piaule se transformer en petit trousseau, c'est avec béatitude que je salue les filles. Ma place c'est ce trousseau. Dans cette piaule, dans l'atelier design, dans le nouvel appartement. Ma place, elle déborde, et c'est sur plusieurs clefs qu'elle s'installe.
Si ça fait déjà plus d'un mois que j'ai quitté Rouillon, que mes chambrocataires sont devenues mes amis, que je connais les soupes de la cantine, et les capacités de mon estomac, que trouver mes salles de cours dans ce parc à chinois ne relève plus du hasard, je ne me sentais pourtant pas encore "à la maison".
Même signer le bail de mon nouvel appartement avec seaview ne m'a pas fait retrouver ma place. Ma place. Le piquet grâce auquel mon fil peut être tendu. Celle qui te donne envie de t'éloigner en étant sûr de pouvoir revenir.
Mais alors, après le cours de dessin, quand j'arrive devant la chambre 209 du bâtiment Nanguan 4th, et que dans ma main, je sens l'unique clef de ma piaule se transformer en petit trousseau, c'est avec béatitude que je salue les filles. Ma place c'est ce trousseau. Dans cette piaule, dans l'atelier design, dans le nouvel appartement. Ma place, elle déborde, et c'est sur plusieurs clefs qu'elle s'installe.
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