mercredi 12 décembre 2012

Le 12\12\12

Il parait que c'est une date spéciale. Le dernier jour avant 100 ans, pour que se re-aligne trois chiffres semblables. Vous rendez vous compte ?
 Il parait aussi que les gens font des paris fous comme se précipiter sur les tickets de lotos, ou se convertir au christianisme. Certains misent même sur le mariage pour obtenir un peu d'amour.

De mon cote, j'ai pas tout compris du premier coup aujourd'hui. En pro de la procrastination, j'avais encore réussi, malgré mon alarme, a grignoter de longues minutes de sommeil. Autant dire, que quand j'émerge a 11h, que je descend les escaliers de mon immeuble en chaussettes, guidée par les jérémiades de mon estomac pour les oeufs au thé du chinois du rdc, je ne réalise toujours pas toutes les implications de la journée dans laquelle je m'embarque.
Mais quelque chose dans le paysage me tir du brouillard. Quelque chose qui fait tache dans ma cour d'immeuble. La voila : la horde de chinois braillant dans la boutique a pari. Des petits des grands, des bruns, des bruns fonces, tous a se piétiner les babouches, dans l'espoir d'êtrele premier a accéder au fameux billet bleus.
Oui, parce qu'ici enclavé entre Bank of China et China Mobile, la star de la chine populaire c'est ca. C'est ce petit planque. Un petit bazar qui a de plus en plus de mal a se glisser entre ces 2 gros piliers des administrations chinoise. Un petit gabarit, une pièce toute petite, toute simple, avec tout juste la place de se glisser entre la fente des 2 murs pour afficher la mise du jour. Qu'est ce qu'on y paris ? je ne sais pas. Et c'etait pas la bonne journée pour tenter un 'mime' de ma question debout sur le bureau du gérant. Promis, je m'y risquerai un jour.

En attendant, si la superstition n'a pas de limites, je vais moi, écouler mon mercredi comme une veille d'atelier comme les autres. Comme un 10, un 21, ou un 5 décembre.
Pas de loto, pas de mariage. Rien.
Mon oeuf dur, mon cafe, et mes plans. Un pari peu risqué, mais un gain avéré.

lundi 10 décembre 2012

Prendre position

"J.M Ayrault va presenter un nouveau plan contre la pauvreté...".
France Inter c'est bien. Le vécu c'est peut être mieux.
Voila mon obsession depuis quelques jours.

Est ce que je ne peux faire qu'essayer de m'approprier cet espèce de regard externe, semi analytique, omnipotent sur cette nouvelle société dans laquelle je vis et que je ne connais pas ?
Parce qu' en vrai, je ne fais pas que écouter les informations. Oui, j'essaye de tout comprendre, de toutes mes forces même. Parfois trop dans certaines histoire. Mais ici, c'est un peu comme essayer de comprendre la création de l'humanité depuis la première étincelle entre les deux particules de trucs qui ont fabrique le machin. Et moi, ça, je peux pas.
Alors la plupart du temps je ne fais que de ressentir. Ouvrir grand les yeux, les oreilles, les chacras, et tout ce qu'il faut pour capter toute ces particules de trucs, impossible a saisir mais si simple a respirer.

Peut être alors que devenir l'omniscient, devenir celui qui parle de ce qu'il vit, la maintenant a 21h47 dans son gigantesque salon face au port, mettre un peu de soit, ça sonnerait plus vrai.
Est ce que ça sera plus facile...
Dans le doute, j'éteins France Inter et installe Goran Bregovic dans mes oreilles.

3 mois maintenant que je vis a Xiamen, et que Xiamen vis avec moi.
Que je marche chaque jour dans ses rues, que je marche sur mes propres traces et que mes pas sont solides sur le bitume. J'ai même trouvé mes endroits rien qu'a moi. Ceux qui font que t'existe dans l'espace. A la maison j'avais mon espace vert pour penser. Ici, j'ai mon banc près du lac, mon tabouret en atelier, et je sais de quel cote du trottoir je préfère avancer.
Mais tout bien considéré, je sais pas si c'est ça qui me rend si comblée. Parce que c'est pas tous les jours et qu'il faut le dire, quand ça arrive : Je me sens remplie. Au summum de l'épanouissement personnel.
Et pourtant c'est pas la même machine a endorphine que d'habitude. Je suis pas vraiment seule, pas vraiment entourée, pas vraiment amoureuse non plus.
Y a juste ces repères bringuebalant, et toutes ces certitudes peu fondées. Je sais pas ou je vais, mais je sais d'ou je viens comme dirait l'autre.

Aussi mon bonheur a moi doit surement être fourre quelque part la dedans. Peut être que j'ai pas encore grandis assez droit pour être bien sur mes deux pieds. Un dans le présent, un dans le futur ; normal alors que la Chine m'aille si bien.

Et puisqu'il faut mettre un peu de soi pour capter l'intérêt général, j'annonce que je suis installée sur mon canap, avec mon Nescafe pas terrible et mes kilos gagnées mal repartis sur mes hanches, et que je comprend pas ce que les chinois d'en bas racontent. Mais j'écoute la musique : Goran d'une oreille, Lee et Hao de l'autre. Et ça me suffit pour la journée.

C'est aussi ça Erasmus. Etre ici sans être la, les oreilles a la place des pieds et inversement.









Hier

Hier soir, je faisais la fete.
Hier soir Zyta m'initiais aux secrets polonais de la vodka qui ne touche pas la langue.
Hier soir, je suis allée dormir, correctement fatiguée.
Hier soir, une chinoise sortie tout droit du diable Vauvert, débarque me réveiller jusque dans mon lit
Et puis, hier soir, j'arrive aux urgences chinoises.
En débattant de l'option médicale a adopter pour le cas d'une patiente.
Pour, hier soir, me retrouver a dessiner au BIC rouge, l'anatomie féminine sur un A4 de l'imprimante du comptoir, jauni par le cafe mal nettoyé, le tout entouré 5 de blouses blanches qui ne parlais pas ma langue.
Mais bon, tout s'est bien fini puisque, hier soir se termine par une visite guidée de l'hosto avec ma coloc dans dans son brancard, et le brancard sous mon contrôle.

Alors comment ça se passe, je sais pas.
Mais hier était différent.






jeudi 6 décembre 2012

Le mirage du miracle

C'etait un jeudi soir comme les autres.

Du moins qui ne présageait pas de surprises majeures. J'allais croiser les belges au comptoir, parler sino-francais au chinois du coin de la rue,  et rentrerais gentiment vers 2h me faire un thé Yancha avant de m'endormir.
Et en effet, apres s'etre goinfre de baodzis chez Ouighours installes en bas de chez moi, nous voila partis pour quelques verre de vin au Helen's.
Comme a son habitude, le taxidriver n'avait pas tout compris. J'ai du m'y reprendre plusieurs fois avant que mon élocution soit compréhensible.

Trois tentatives plus tard, nous passames le seuil de la porte.
C'est alors que je remarque un sticker sur la porte principale. Le logo d'une tete d'asiatique barre de rouge vif et surmonte de la sentence suivante " No japaneses ! "
Plus tard, j'interroge les chinois a la table d'a cote. "oui bien sur ! les chinois se servent de cette polemique pour plaisanter !"
Mais quand a la fin de la soirée, je surprend, devant le troquet, une violente dispute entre deux représentants de chacune des nationalités, je n'en pense pas moins.

Alors voila. La Chine s'est un peu comme cette soirée.
Si la forme de l'ouverture du bottle opener a été définie ovale contre toute apologie de l'empire japonais, la discussion globale des gouts et des couleurs, elle, n'est pas terminée.
Je crois avoir compris qu'il ne faut pas se fier aux réactions, aux situations, et aux jeudi soir "comme les autres" ici bas, aux pays des rouges.
La Chine apparait comme un grand mirage,  ou 50% des étudiants bien comme ils faut s'inscrivent encore au partis nationale dans l'espoir d'un avenir professionnel convenable.
Ce papier fera leur salut.

Alors les japonais dans tout ça, c'est une autre histoire.
Et parler des autres, ils sont fort pour ça les chinois.


Vivre dans le futur


Bon alors voila. Si en arrivant je voulais être disciplinee, écrire chaque jour un peu, beaucoup meme, que les mots devaient fluidement, couler d'entre mes lèvres ouvertes, ils m'échappent. 
J'aimerais aussi trouver une manière moins commune de décrire cette situation, mais comme ils se sont fait la malle, je ne peux baver que ça : aucun mots ne va.
Comment parlez de ma rencontre improbable a Shanghai ? de la course au Wang Shu a Hangzhou? des delicieuses banlieues de Taipei ?  
Pas assez de recul peut être. Trop d'images d'un coup.  Trop d'odeur et de nourriture. Trop d'égoïsme aussi a vouloir reste dans l'action toute fraiche. 
Mais le partage a besoin d'une pause. Un break dans le film, histoire de pouvoir regarder  juste derrière. pas très loin, mais juste la, derrière. Dans le passe, mais toujours dans le futur. 
Nous y voila donc. Si la course du soleil me permet d'avoir une longeur d'avance de 7h sur l'Europe, et si cette marge, serai (toutes proportions gardes) une sorte d'extra, de bonus, pour l'information, elle ne m'aide pas. Ces 7h sont autant de barrière qui me sépare de cette vie française. Comme si elle contenaient tous juste les minute nécessaire pour ralentir le rythme.  Pour retrouver ce flow de molasse qui appartient au passe. A mon passe.

Maintenant je vais prendre 7h de break pour ralentir, 3 pour raconter. Mais je serai alors de-synchroniser avec mon pays..
Tout ça pour dire que quand on vit dans le futur, on est pas en avance. 
On est juste en retard 7h heures plus tot.

lundi 22 octobre 2012

Le bruit des vagues.

S'il est une heure du mat et que je suis dans mon lit, je ne dors pas.
J'écoute les gens d'en bas cracher.
Au début je les entend juste. Y'en a un qui me réveille. Un petit raclement de gorge de derrière les fagots, rien de bien méchant, mais assez pour me tirer de la rêverie.
Ensuite, c'est l'obsession. Je les écoutes, les attend presque, sortir du fin fond des entrailles d'un chinois bien comme il faut. Les petites notes rauques de la glotte contre le palais, le silence de l'élan de la projection, puis le final de l'air entre les lèvres plissés.
J'avais pourtant choisi la chambre côté jardin, côté mer même, réputée plus paisible.

Pour la musique des vagues c'est raté.
Depuis mon lit, côté mer, je m'endors en comptant les crachas, 5 étages plus bas.


Le coiffeur

Ce lundi, ma semaine aura été le coiffeur. 
J'avais beau répéter à Hui Ling, ma nouvelle pote indonésienne que non mes cheveux n'avaient pas besoin d'être coupé, quand on se comprend qu'à moitié, on résiste pas longtemps. 
Et puis, je les avais déjà repéré. Entre un 餐厅 de pâtes et une Bank of China, il étaient là. Par centaines. 
En taxis, ils sont à hauteurs d'yeux.C'est alors faciles de comprendre la logique d'ordonnancement des RDC des buildings de Xiamen :  RESTO/BANK/COIFFEUR/BANK/COIFFEUR/RESTO/COIFFEUR/COIFFEUR.
Certainement donc un truc à faire en Chine.

L'expérience "coiffeur" débute, elle, par l'alternance :  BLOUSE GRISE/  BLOUSE ROUGE/  BLOUSE GRISE.
C'est comme ça une ribambelle de petits chinois masculins qui se succèdent, habillés de pied-en-cape, offrant une vrai haie d'honneur au client. 
Au fond du magasin, j'aperçois un peu surprise les brancards-lits du dentiste. Les mêmes. Je m'allonge donc, la tête dans l'évier, les chaussures sur le lits.
Vient alors le traditionnel shampooing. Eau chaude, rinçage à l'eau froide. Une technique de nettoyage maîtrisée, mais sommes toute, classique. 
Je commençais alors à me détendre, quand Ô surprise, je sens un truc chatouiller le fond de mon être : c'est dans mes oreilles que le petit chinois commence à mettre ses doigts. Ils les lave par petits cercles méticuleux comme on lave une porcelaine de Limoges. Quelle douceur, quelle minutie... Difficile à croire que cela venait d'un homme. J'ouvrais alors les yeux pour m'en assurer, quand le chinois commence à me frapper le crâne. Tout mon corps s'enfonce dans le siège en mousseline. Je suis maintenant une boule de pain. Il me malaxe, m'aplatit, et à cet instant je regrette presque d'être venue. Et puis je m'habitue, je ne fais plus qu'un avec les mains du coiffeur, plus qu'un avec la Chine tout entière tant l'harmonie introduite dans mes entrailles capillaire est salvatrice. 
Et puis on me réveille.

C'est là que le calvaire commence. Installée sur une chaise en vitrine, je vois dans le miroir la mine du chinois "blouse rouge" se décomposer au moment ou il retire la serviette de ma tête. Il appelle un collègue qui me reluque un peu catastrophé, s'essayant à peigner mes cheveux.  Le langage chinois n'a à ce moment plus de secret pour moi : et oui, je suis blonde, et oui, j'ai les cheveux bouclés, secs, et emmêlés.
Les passants du dehors s'arrête pour le spectacle, et c'est tout le salon qui s'agglutine autour de moi, au désespoir de la pauvre Hui Ling, qui elle, à terminé depuis 10 bonnes minutes.
Après une tentative douloureuse de démêlage, le chinois s'y attaque directement au sèche cheveux. Il tente même un brushing. Il tire, il arrache, et je tente de cacher les larmes qui me monte aux yeux.
Mais comment dire stop à un chinois qui met tant de coeur un l'ouvrage ? pour lui cette matière était un nouveau défi. Je me dis alors que moi aussi je devais relever le défi du silence.

Une demi heure plus tard, après avoir esquivé les ciseaux (quand même), je vais payer les 20 yuan bien mérité au coiffeur, arborant ma chevelure de sauvage des mauvais jour, et mon plus joli sourire de soulagement.
En sortant de la boutique, c'est tout le salon qui se retourne sur mes pas : blouse grise, blouse rouge, mi-figue, mi-raisin.

Peu convaincu par le talent de coiffure de nos amis chinois, je décide tout de même d'y retourner. 
Sauf que la prochaine fois, ce ne sera qu'un shampoing.

vendredi 12 octobre 2012

Les cléfs

Ca y est, j'ai trois clefs.
Si ça fait déjà plus d'un mois que j'ai quitté Rouillon, que mes chambrocataires sont devenues mes amis, que je connais les soupes de la cantine, et les capacités de mon estomac,  que trouver mes salles de cours dans ce parc à chinois ne relève plus du hasard, je ne me sentais pourtant pas encore "à la maison".
Même signer le bail de mon nouvel appartement avec seaview ne m'a pas fait retrouver ma place. Ma place. Le piquet grâce auquel mon fil peut être tendu. Celle qui te donne envie de t'éloigner en étant sûr de pouvoir revenir.
Mais alors, après le cours de dessin, quand j'arrive devant la chambre 209 du bâtiment Nanguan 4th, et que dans ma main, je sens l'unique clef de ma piaule se transformer en petit trousseau, c'est avec béatitude que je salue les filles. Ma place c'est ce trousseau.  Dans cette piaule, dans l'atelier design, dans le nouvel appartement. Ma place, elle déborde, et c'est sur plusieurs clefs qu'elle s'installe.